Des licornes aux centaures : un retour à la réalité ?
Chers adhérentes et adhérents, chers lecteurs,
Le nombre de nouvelles licornes dans le monde (capitalisation de 1 Mds €) a été cinq fois plus important en 2021 qu’en 2020 (520 contre 108). Mais si on regarde les opinions qui ont cours aux Etats Unis, cela ne va pas continuer : « Winter is coming ». Les deals qui se faisaient aux US étaient sur des multiples de 30 à 50 fois l’ARR (annual recurring revenue), et leur permettaient de brûler beaucoup d’argent sur des Business Modèles pas toujours prouvés. Softbank qui a enregistré 20 Mds $ de pertes avec son fonds Vision au cours de l’exercice fiscal se terminant en mars 2022 a indiqué réduire de plus de moitié ses investissements dans l’exercice actuel. Beaucoup de fonds leur emboitent le pas.
Les fonds de capital-risque commencent à baisser les valorisations et à exiger des réductions de coûts au sein des sociétés de leur portefeuille. Les levées de fonds en « late stage » se font plus rares et celles en série A plus difficiles à boucler.
Un nouvel animal imaginaire attire beaucoup plus les investisseurs que les licornes, il s’agit des « centaures » : start-up dont le CA récurrent annuel dépasse les 100 M€. Les nouveaux centaures en 2021 sont bien moins nombreux que les licornes : 60 soit 8 fois moins que les nouvelles licornes, en croissance importante mais non démesurée par rapport à 2020 (40).
L’attention nouvelle portée aux centaures est un retour à la réalité : investir dans des sociétés qui démontrent leur capacité à générer du chiffre d’affaires et non pas miser sur des sociétés dont les principaux arguments sont l’utilisation de mots clés comme « NFT », « Web 3.0 ».
Il est fort possible que ce mouvement de moindre financement par les fonds ou de baisse des valorisations se produise en France avec un décalage.
Pour Badge qu’est-ce que cela change ? A priori pas énormément car nous recevons peu de dossiers de plateformes de services (là où les valorisations ont explosé) avec une forte valorisation premoney, ces sociétés s’adressent aux fonds dans ce cas. Pour nous, l’effet pourrait être le ralentissement de l’inflation sur les valorisations pré-monnaie des dossiers que nous recevons comme je l’ai annoncé dans la newsletter du mois dernier.
Amicalement,
Jacques Tamisier.
Entreprendre seul et susciter la confiance des business angels, est-ce possible ?
Entretien entre Paul Leondaridis, Vice-Président en charge de l’instruction des projets et Anne-Sophie de Gabriac, administratrice de Badge, professeure de pratique entrepreneuriale à l’Essec, responsable pédagogique du Master spécialisé Centrale-Essec Entrepreneurs, et coautrice de «Du salariat à l’entrepreneuriat : 10 questions à se poser pour réussir». Dunod, juin 2022.
Certains réseaux de BAs ou des fonds refusent d’investir si la société n’a été créée que par un seul entrepreneur. Entreprendre seul et susciter la confiance des business angels, est-ce possible ?
Même si cela reste très minoritaire la réponse est oui : selon les secteurs, 10 à 20% des startup innovantes de la Silicon Valley sont créées par un seul fondateur. A Badge, nous finançons chaque année en premier tour une à deux sociétés qui n’ont été créées que par un seul fondateur, mais avec parmi les objectifs de la levée de fonds de créer une équipe complémentaire. La facilité à créer une entreprise seul a été rendue possible il y a quelques années et a levé un frein à la création d’entreprises. Les statistiques nationales montrent qu’il y a eu 995 900 nouveaux entrepreneurs en 2021. Parmi eux, beaucoup ont la seule motivation de créer leur propre emploi via le plus souvent, au moins au départ, une micro entreprise. Certains créent une SASU avec l’ambition forte de créer une entreprise innovante fondée sur les compétences rares qu’ils possèdent. Ceux-là sont amenés à solliciter des business angels par la suite.
Quels sont les avantages perçus par les entrepreneurs à se lancer seul ? et inconvénients de se lancer seul ?
Les principaux avantages perçus sont la simplicité et la rapidité de prise de décisions : « Seul, on va plus vite». Mais se lancer seul entraîne potentiellement un manque de compétences qu’il faudra réussir à combler par le recrutement de salariés ou le recours à des experts en freelance. Le fait d’être seul peut entraîner une certaine défiance de la part d’investisseurs qui, pour certains, en feront une raison de «non deal». On va donc plus vite mais peut-être pas très loin. Rapidement, ceux qui démarrent en solo se rendent compte qu’il vaut mieux préférer l’adage «seul on va plus vite, ensemble on va plus loin». Aucune étude n’a jamais démontré que les entrepreneurs fondateurs en solo réussissent moins bien que les autres, mais c’est sans doute parce qu’ils ont su rapidement créer une équipe de grande valeur autour d’eux.
Alors comment en tant que business angel faire confiance à un entrepreneur seul ?
Se lancer seul est tout à fait possible en démarrant avec ses «trois trésors». La professeure Saras Sarasvathy a démontré dans ses travaux de recherche sur la démarche entrepreneuriale des entrepreneurs expérimentés qui réussissent, qu’ils démarrent toujours avec «trois trésors» :
- qui ils sont : leurs traits, goûts et capacités ;
- ce qu’ils savent : l’éducation, la formation, toute expertise et expérience professionnelle ;
- qui ils connaissent : les réseaux, amicaux et/ou professionnels.
La combinaison des deux premiers «trésors» permet d’imaginer des possibilités de projet et de passer à l’action. La mobilisation de ses réseaux (troisième trésor) permet d’obtenir du temps gracieux des autres, de l’argent, des compétences et encore d’autres ressources qui permettent de compenser, en partie, le fait d’être seul. C’est là où l’apport des business angels qui accompagnent un entrepreneur seul associé peut être crucial si celui est animé et doté d’une bonne capacité d’écoute.
A quoi devons-nous prêter attention avant d’investir ?
De nombreux business angels disent, «Si l’entrepreneur est seul, je ne regarde même pas le dossier d’investissement !» Mais pour les autres, plusieurs éléments peuvent les rassurer parmi lesquels
- l’expérience professionnelle sectorielle du fondateur et sa capacité démontrée à prendre seul des décisions.
- le fait d’être bien entouré : une équipe solide de salariés, la présence d’un mentor, d’un comité stratégique composé de business angels et d’experts, etc.
- le fait d’avoir mis en place un programme de bons de souscriptions de parts de créateur d’entreprise (BSPCE) pour motiver les salariés clés et leur donner une perspective de participation au succès de l’entreprise.
- la souscription par l’entreprise d’une assurance «homme clé» pour couvrir le fondateur seul. Elle assure ainsi les conséquences pécuniaires pour l’entreprise en cas de problème touchant «l’homme clé» (perte d’exploitation, remboursement des prêts bancaires, frais de réorganisation, recrutement d’un remplaçant).
Dans ce contexte, il y a plusieurs conditions indispensables pour que le projet se développe avec succès :
- le recrutement de collaborateurs, motivés par les défis à relever et le dynamisme de l’entreprise, les responsabilités offertes et la liberté d’entreprendre donnée à chacun.
- l’instauration et l’entretien d’une très grande relation de confiance au sein du Comité Stratégique, composé des nouveaux associés que sont les investisseurs, business angels ou fonds, ou avec le Comité Scientifique lorsqu’il en existe un.
- Cette confiance mutuelle, combinée à la fréquence des informations diffusées et des échanges organisés, maximisera la contribution potentielle des membres de ces comités au succès de l’entreprise créée par l’entrepreneur «seul».
Merci Anne-Sophie, je constate que la plupart des entreprises créés par un seul entrepreneur qui ont été investies par BADGE présentent un développement satisfaisant, leur fondateur ayant su s’entourer au bon moment avec l’aide des Business Angels.
NOMINATION
Nouveau délégué général pour les Business Angels des Grandes Écoles
Nous sommes heureux d'annoncer la nomination de Siméon Montrose à la fonction de délégué général en remplacement de Paul Leondaridis, vice-président chargé de l’instruction des projets. Toute notre reconnaissance à Paul pour sa contribution exceptionnelle. Cadre dirigeant et officier de réserve, Siméon a servi dans la Marine où il a mis en œuvre son expertise de soutien et d’aide au pilotage au sein de directions d’établissements publics et du ministère des armées. Il a contribué au développement économique, notamment comme directeur de transition et vice-président chargé d’affaires dans une société de conseil en financement de la recherche et des innovations. En parallèle de la vie professionnelle, Siméon est engagé dans une ONG caritative au service de personnes déshéritées et codirige périodiquement des publications. Certifié par l’Autorité des Marchés Financiers, il a validé un cursus professionnalisé en management des relations humaines puis à l’Ecole navale. Il est diplômé des masters de l’ENA et de l’Ecole Polytechnique.
« C’est avec enthousiasme que je déploie mes compétences au service de l’association des Business Angels des Grandes Écoles et de ses membres, pour accompagner le soutien à la création, au développement et au financement d’entreprises à fort potentiel de croissance, dans les domaines technologiques et de services, avec la satisfaction de suivre des projets d’avenir qui sont notamment au cœur des enjeux de transition écologique, de responsabilité sociale, sociétale et environnementale »annonce Siméon Montrose.
PROCHAINS RENDEZ-VOUS
>>> PRÉSENTATIONS DE PROJETS
Réunions mensuelles avec présentation de projets innovants en recherche de fonds animées par Paul Leondaridis , Vice-président, chargé de l'Instruction.
Réservées à nos adhérents.
Non-adhérents, demandez votre invitation.
Jeudi 23 Juin 2022 à 17h30
Réunion mensuelle sur place Maison des X - Salon Aigle, 12, rue de Poitiers - 75007 Paris et par Zoom.
IMMOBLADE remporte le prix Septuors 2022 Développement Durable
La start-up toulousaine est lauréate du prix Septuors 2022 Développement Durable, une distinction qui consacre ses vitrages innovants de protection solaire. Cette récompense a été remise par Jean-Michel FABRE, vice-président du conseil départemental de la Haute-Garonne.
RESEAU ET PARTENAIRES
FIND YOUR COFOUNDER
FIND YOUR COFOUNDER revient en ligne le mardi 28 juin à 18h. Venez rencontrez des projets en recherche d'associé/e et networker avec d'autres (futurs) entrepreneuses et entrepreneurs. Vous pourrez :
Découvrir des projets sélectionnés par l'équipe Find your cofounder. Ils sont présentés par des entrepreneurs ou issus de laboratoires scientifiques.
Rencontrer les projets durant des speedmeetings et des sessions publiques.
Networker librement ou 1+1 aléatoires avec les autres participants.
Le programme Tech for Good & CSR de WILCO accélère les startups qui construisent une tech plus engagée et responsable. Face aux enjeux environnementaux et sociaux, les entreprises ont un rôle à jouer dans la transition vers une société plus durable, et les individus sont de plus en plus exigeants sur l’impact de leur consommation. Ce programme accélère les startups qui accompagnent les entreprises dans la mise en place de leur stratégie RSE ou proposent des alternatives de consommation durable aux citoyens.
Jacques Tamisier, Président / Paul Leondaridis et Siméon Montrose, Délégué Général
Dimitri Lionel A.Omgba, Responsable communication [Adressez votre sujet à la rédaction]